Rencontre avec la communauté Amish du comté de Lancaster

Les Amish vivent de façon simple et complètement isolée de la société moderne. Leur devise étant "tu ne te conformeras point à ce qui t'entoure", ses 70 000 membres refusent l'automobile, la radio, l'électricité ou encore le modernisme. Ainsi, ils se déplacent en carrioles, utilisent des lampes à pétrole, cultivent la terre et s’habillent de manière traditionnelle. Apprenez alors à vivre comme eux le temps d’une journée, et nous vous garantissons des souvenirs mémorables… !

C’est une des communautés les plus étranges et connue des États-Unis. Les Amish comptent autour de 300 000 membres principalement regroupés en Pennsylvanie. Si on les connaît, c’est pour leur façon de vivre totalement en dehors du temps. C’est en effet un groupe religieux qui au quotidien refuse la modernité. Ici, pas d’ordinateur, de smartphone, de voiture ou de télévision. On vit sur ces terres comme on vivait dans le passé. Même s’il est difficile de rencontrer les membres de cette communauté qui préfèrent vivre sans contact avec le présent, plusieurs possibilités s’offrent à vous pour vous immerger dans cette culture totalement à part.

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La Communauté aux États-Unis

Vous les avez déjà sans doute déjà vu dans des films, des séries ou des documentaires. Ces personnes vêtues de tenues anciennes, circulant en charrette à chevaux et à l’air austère.

La communauté Amish américaine trouve ses origines en Europe. Elle suit les préceptes de Jacob Amman qui vécut au cours des XVII et XVIIIème siècles en Suisse. Ce personnage était un anabaptiste, un courant qui est issu de la Réforme qui a eu lieu au XVIème siècle. Les membres de ce courant prônent l’obéissance aux Saintes Écritures avant toute chose. Un bon Chrétien doit obéir à Dieu et non aux lois des hommes. L’Église doit rester hors de l’emprise des gouvernements.

Par ailleurs, les anabaptistes refusent le baptême imposé. Cet engagement doit être voulu par la personne et est de ce fait réservé aux adultes. Autre dogme capital : le pacifisme. Les membres de la communauté refusent de faire la guerre, et plus généralement évitent tous conflits. Ils ne font d’ailleurs pas leur service militaire.

Cette volonté de ne pas provoquer de combat les pousse à quitter leurs terres dès le début des années 1680. Ils sont alors en effet persécutés par les Réformateurs mais aussi les Catholiques. Ils s’installent en Alsace et dans la vallée du Rhin sous la direction de Jacob Amman. Celui-ci va alors établir les préceptes de ce courant religieux. Leur nom définitif de la communauté est donné.

Mais les persécutions se poursuivent et la communauté veut quitter ce monde brutal. Le Nouveau Monde est alors une option très fortement envisagé. À la fin du XVIIIème siècle, de nombreux membres – une centaine de familles - quittent l’Europe pour émigrer en Amérique du nord. Un édit promulgué par Louis XIV entérine leur départ

Ils s’installent en campagne, où ils peuvent suivre leurs préceptes et fondent l’état de Pennsylvanien sous l’égide de William Penn en 1681. D’autres réprouvés s’installent entre 1816 et 1860 en Ohio et en Indiana.

Les communautés du Vieil Ordre apparaissent et refusent en bloc tout ce qui fait le progrès : l’électricité en tête mais aussi l’automobile, le téléphone… Elles mettent en place des règles de vie strictes, nommées Ordnung ou Lois de vie. Une langue spécifique, issue de l’Allemand est utilisée. Cet ordre codifie encore leur façon de s’habiller et leurs relations avec les autres.

Le mode de vie des Amish

La communauté met en place un ordre de vie précis qui valorise l’humilité, la frugalité et la fraternité. Les membres vont aussi se méfier de tout ce qui peut les éloigner de leur foi en se défiant des technologies nouvelles mais aussi des modes de vie des autres qu’ils considèrent comme dangereux. Le tabac est ainsi totalement proscrit au même titre que l’alcool. Les voitures, l’avion ou les vélos – plus spécifiquement tout ce qui présente des pédales - ne sont pas autorisés. Mais dans certaines circonstances, on peut utiliser ces moyens de transport pour se rendre au chevet d’une personne malade ou mourante.

Toutefois, lorsque des membres de la communauté ont besoin de faire appel aux nouvelles techniques, ils peuvent demander des autorisations spécifiques. Ainsi, pour conserver certains médicaments, ils pourront avoir des permissions spéciales comme un réfrigérateur utilisant – uniquement - l’électricité à 110v.

De même, si les personnes travaillent dans un domaine artisanal spécifique – scies, meules… - ils pourront avoir recours à un moteur Diesel ou des pompes hydrauliques.

Aujourd’hui, l’usage du téléphone est un peu assoupli s’il est utilisé pour des contacts impératifs comme appeler un médecin.

Concernant la médecine justement, certains préceptes ont été modifiés lorsque les membres ont constaté que les suivre pouvait mettre en danger les personnes. Ainsi les vaccinations, d’abord dénigrées, ont été acceptées pour protéger les plus jeunes. Néanmoins, certaines familles restent dans le refus, pensant que confier la vie de leurs enfants à des créations humaines et non divines est un péché. Dans le cas d’une pathologie grave, beaucoup refusent encore l’hospitalisation mais utilisent des médicaments pour soulager le malade. Toutefois, la prolongation de la vie est interdite.

On le voit, beaucoup de ce qui nous semble évident est interdit ou fortement déconseillé dans la Confession de foi de la congrégation. Ainsi tout ce qui est considéré comme frivole n’est pas autorisé dans les foyers de la communauté : appareils photo et caméras, télévisions et radios, électroménagers, chauffage central… Les membres cherchent une vie simple en contact avec Dieu et dans le plus strict respect de celui-ci.

On l’aura compris, Dieu et les actes de foi sont au cœur de la vie d’un membre de la communauté. Tout est fait dans le respect des traditions religieuses de l’éducation des enfants à l’enterrement.

Plus clairement, une communauté ou diocèse compte en général moins de 65 adultes répartis en différentes familles. Les règles sont majoritairement orales et décrétées par les membres importants de chaque groupe. Les membres utilisent trois langues : l’allemand pour les textes sacrés et les cérémonies, le « hollandais de Pennsylvanie », un dialecte mêlant des mots allemands et anglais et bien sûr l’anglais pour communiquer avec les « Anglais » du monde extérieur.

On reconnaît un membre au premier coup d’œil grâce à ses vêtements. Il existe des différences entre les communautés et les régions mais le vêtement reste simple, sans ostentation et largement inspiré de ce qui se faisait à la campagne aux XVII et XVIII siècles. Les vêtements modernes sont prohibés.

Chaque communauté se veut être autosuffisante. Elles cultivent les produits qu’elles utilisent, refusent de faire partie de la Fonction Publique et de toutes structures gouvernementales. Ils ont leurs propres écoles et paient les différentes transactions uniquement en espèces. La majorité des membres travaillent dans des fermes sans utiliser d’engins modernes.

Une des traditions les plus emblématiques du groupe est le Rumspringa. La fin de l’enfance est marquée par une période de découverte, nommée Rumspringa. Vers l’âge de 16 ans, le jeune va découvrir ce qu’est l’autre « monde ». Contrairement à ce qui est vu dans des films, cette découverte ne consiste pas à essayer tout ce qui est interdit ! C’est avant tout l’entrée dans le monde social des adolescents et la recherche du partenaire en vue du mariage. Les participants peuvent alors découvrir d’autres communautés ou partir dans le monde des « Anglais ». Une fois décidé, le membre va procéder à son baptême et entrer de son plein gré dans cette tradition à part.

Quelle différence avec l’Église Mennonite ?

Ces deux groupes religieux ont été fondés sur les mêmes bases protestantes et le courant chrétien de l’anabaptisme. Ils mettent l’accent sur le retrait du monde et le respect des principes chrétiens.

La communauté Amisch – autre orthographe possible - est une branche de l’église anabaptiste des Mennonites. Ces deux branches prônent la non-violence et le respect de Dieu. Toutefois, il existe des différences assez importances entre les deux courants. L’une des principales est que les premiers refusent tout contact avec l’extérieur, ce qui n’es pas le cas des Mennonites, qui acceptent également les progrès technologiques. Un Mennonite pourra s’habiller de vêtements contemporains, à condition de reste simple. Ils peuvent donc utiliser, toujours raisonnablement, les équipements actuels et ne vivent pas systématiquement dans des communautés. On peut donc dire qu’il s’agit d’un groupe plus modéré que les descendants de Jacob Amman.

Le schisme entre ces deux groupes a eu lieu à la fin du XVIIème siècle, les Mennonites étant considérés comme trop laxistes vis-à-vis des préceptes religieux, séparation qui persiste encore aujourd’hui.

Pourquoi vivent-ils en dehors du monde ?

Beaucoup des premiers membres de la communauté arrivés sur le sol américain ont aujourd’hui intégré le monde contemporain. Il ne reste qu’une soixantaine de familles descendant directement de ces aventuriers.

Si ceux-ci veulent conserver leurs spécificités et rester de ce fait en dehors du monde moderne, c’est pour ne pas devoir obéir à la loi laïque mise en place par les différents gouvernements. Répétons-le mais Dieu passe avant tout et il est particulièrement irrespectueux de se tourner vers les créations de l’Homme plutôt que d’avoir tout simplement confiance dans les desseins divins.

C’est alors évident que vivre parmi les personnes qui ne suivent pas ces principes peut s’avérer très compliqué. Pour se rendre au travail, on doit utiliser sa voiture ou un bus, pour se tenir informé des actualités, on va allumer sa TV…

Entre 1862 et 1878, plusieurs conférences ont eu lieu dans les différentes communautés du groupe religieux - Dienerversammlungen (conférences des serviteurs) - ayant pour sujet les tensions qu’apparaissent à vivre avec les « autres ». Ces conférences aboutissent à la séparation entre les progressistes – qui rejoignent le mouvement Mennonite - et les radicaux, que l’on va nommer la communauté Amish du Vieil Ordre.

Ceux-ci sont majoritairement agriculteurs et parlent le haut-allemand, ou Pennsylavnia Dutch. Ils restent les modèles même que l’on peut se faire des membres de cette congrégation. Ils refusent tous les contacts avec le monde extérieur même si à ce jour, on peut rencontrer des membres du Vieil Ordre travailler en usine ou comme entrepreneurs. Il n’en reste pas moins qu’ils recherchent à éviter au maximum le contact avec les « Anglais » ceci afin d’« éliminer tous risques de pollution ». Ils souhaitent vivre une vie exemplaire dans le respect de la Bible afin d’atteindre le Paradis.

Si vous souhaitez en apprendre plus sur ces communautés, vous pouvez prévoir un voyage au cœur de la Pennsylvanie, à Lancaster ou Kitchen Kettle Village. Immergez-vous dans cette culture, parcourez les rues en calèche, séjournez à l’AmishView Inn & Suites, un lieu hors du temps situé au milieu de champs de maïs. C’est une expérience unique qui vous aidera à mieux comprendre ces communautés qui ont un jour décidé de laisser le temps de côté pour vivre simplement.

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